Lutter contre le paludisme pendant la grossesse en Afrique sub-saharienne, où le paludisme Plasmodium falciparum est le plus fréquent, la politique de l’OMS préconise une approche en trois volets : 1) la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, 2) la gestion active des cas et 3) le traitement préventif intermittent (TPI) à la SP (sulfadoxine-pyriméthamine) de toutes les femmes enceintes. Cependant, la résistance croissante du parasite du paludisme à la SP réduit l’efficacité du TPI, entraînant des infections persistantes, et menaçant le succès du programme.
L’innovation, appelée dépistage et traitement intermittents planifiés (DTIp), est une nouvelle approche pour réduire l’incidence du paludisme pendant la grossesse et la petite enfance. Elle comporte une politique novatrice de soins prénatals qui concentre les ressources sur le diagnostic précis du paludisme au point de traitement et la gestion efficace des cas d’infection.
Le concept de DTIp est d’offrir un dépistage planifié du paludisme à l’aide d’un test de diagnostic rapide du paludisme (mRDT) et de traiter les femmes ayant eu un résultat positif suite au mRDT à l’aide d’un ACT à effet prolongé, dans le but de se débarrasser des infections existantes et fournir une prophylaxie additionnelle en post-traitement pour trois à six semaines. Le dépistage permet de s’assurer que seules les femmes enceintes ayant produit un test positif pour les parasites du paludisme reçoivent un traitement, alors que les femmes – et leurs fœtus – sans diagnostic de paludisme ne sont pas exposés inutilement aux antipaludiques.
Le DTIp est appliqué dans le cadre de « soins prénatals ciblés ». Les femmes sont soumises à un test de dépistage du paludisme et peuvent être traitées au moins trois fois au cours des deuxième et troisième trimestres de la grossesse. Il y a certaines indications que le DTIp pourrait constituer une stratégie efficace dans certaines régions d’Afrique1. Tout aussi important, il a été démontré que le DTIp était bien accueilli par les femmes enceintes et pouvait être bien géré dans une clinique prénatale occupée.
Récemment, il y a eu un intérêt croissant pour le DTIp comme stratégie potentielle future pour remplacer le TPI-SP dans les régions où la résistance à la SP réduit l’efficacité du TPI ou dans les zones où l’on observe une forte réduction de la transmission du paludisme.
L’impact du DTIp sur le développement neurocognitif au cours de la petite enfance n’a pas été évalué, mais il a des conséquences importantes pour le capital cognitif dans les régions où le paludisme est endémique. C’est là une question importante à la lumière de l’impact potentiel du DTIp sur l’exposition au paludisme in utero, le risque ex-utero du paludisme clinique et le développement neurocognitif. L’équipe du projet suit un sous-ensemble d’enfants et évaluera leur développement neurocognitif à partir de l’âge de 1-2 ans, pour examiner l’incidence de l’exposition au paludisme in utero sur leur développement. Cela permettra à l’équipe de déterminer si le DTIp protège mieux le développement précoce du cerveau.